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Du Jurassique au Jura, du chaud au froid et de la mer à la montagne.

Paradoxes d’une « montagne jeune » dont l’histoire débute à l’époque où les dinosaures régnaient sur le monde.

Montagne provenant d’une mer chaude et peu profonde mais qui aujourd’hui enregistre des records de froid dépassant les -30°C au cœur de l’hiver (-36,7° à Mouthe en 1968)

 

Parcourons le Jura par un voyage dans le temps, entre géologie et archéologie, replaçons chronologiquement la formation des grottes et canyons du Jura…

 

L’ère Mésozoïque et la Formation des Dépôts Sédimentaires

L’histoire remonte au Mésozoïque période couvrant de (-245Ma à -65Ma), les plus anciens dépôts sédimentaires calcaires formant le jura se sont créés à cette époque. Nous sommes au début de l’ère Secondaire, période pendant laquelle les dinosaures régnent sans partage. Cette ère géologique est généralement scindée en 3 sous périodes (Trias, Jurassique et Crétacé).

 

• Le Trias (-245Ma à -200Ma):

Au Trias, le jura est recouvert par la mer, les premiers dinosaures aquatiques apparaissent, le climat est dit tropical et sec.

 

• Le Jurassique (-200Ma à -144Ma):

Au Jurassique, (-200Ma à -144Ma), le massif du jura sort de l’eau et forme un archipel composé de quelques îlots. Les empreintes de dinosaure visibles à Loulle (Proche de la grotte de Balerne) permettent d’établir que ces îlots étaient suffisamment vastes pour accueillir des troupeaux de sauropodes herbivores de plusieurs tonnes. Le climat reste tropical, de nombreux fossiles se retrouvent piégés dans les sédiments calcaires (Coraux, bivalves, visibles à la grotte de Balerne…). C’est à cette période que les plus grandes quantités de sédiments formant le jura vont se déposer (principalement des marnes, calcaires), ils vont s’accumuler sur plus de 800m d’épaisseur, en formant un véritable mille-feuilles composé de dizaines de strates correspondant chacune à une période climatique. La fin du jurassique se caractérise par une très courte période d’émersion du Jura, la mer se retire, le niveau de l‘eau descend pendant 1 ou 2 millions d’années tout de même !

• Le Crétacé (-144Ma à -65Ma):

Au Crétacé, (-144Ma à -65Ma), une mer épicontinentale recouvre à nouveau le Jura, le climat reste tropical, au fond d’une mer chaude et peu profonde, se forment des strates, principalement de calcaire et de marnes. La fin de l’ère secondaire est marquée par la disparition des dinosaures à la surface du monde.

 

Le Tertiaire et la Formation des Alpes (-65Ma à -2Ma)

Début de l’ère Tertiaire (-65Ma). Au Paléocène, Éocène, Oligocène, c’est la phase de surrection des Alpes, période couvrant de (-65Ma à -25Ma). Le jura se soulève à nouveau sous forme de plateau et va subir une intense érosion de surface mais aussi karstique.

En surface, comme en profondeur, le calcaire est encore tendre et très friable, les grottes et autres réseaux souterrains les plus anciens ainsi que de nombreux canyons (Saine, Coiserette, Malvaux, Langouette,…) commencent à se creuser à la fin de cette époque. Au Miocène, de (-25Ma à -5Ma), la mer envahit à nouveau une partie importante du Jura, bien qu’à la fin de cette période, le jura émerge à nouveau. 240 millions d’années se sont écoulées depuis le début de l’histoire, c’est enfin la naissance de la haute chaîne des montagnes du jura. Par glissement puis plissement de la nappe de calcaire recouvrant le massif jurassien, de petits lacs se forment au fond des anticlinaux naissants, les synclinaux se plissent et prennent de l’altitude, cluses, failles, fissures, ruz se forment à cette période, de violents séismes sont fréquents. La forte action de poussée exercée par les Alpes et le niveau des mers étant au plus bas, phénomène dû à un climat froid, les jeunes sommets effilés peuvent culminer à près de 2500-3000 m d’altitude au lieu de 1717m pour le crêt de la neige point culminant actuel du massif du Jura. Le magnifique massif montagneux du Jura est né, en forme de croissant, situé au cœur d’une zone géographique délimitée par les Vosges, la Haute Saône, la Bresse, la Chartreuse, le lac Léman et les Alpes.

 

Le Pliocène (-5Ma à -2Ma)

Au Pliocène (-5Ma à -2Ma) c’est une phase de plissement couplée à de multiples glaciations qui vont commencer le travail d’érosion du massif jurassien, la plupart des plus grands réseaux karstiques du jura se sont creusés à cette époque, c’est la naissance de nombreuses grottes connues du Jura. Bien ailleurs de l’autre côté du monde, l’apparition du genre Homo en Afrique/Europe est datée à -2,5Ma, mais pour l’instant, Homo n’a pas encore découvert ce paradis qu’est le Jura. Nous arrivons à la fin de l’ère tertiaire (-2Ma).

 

Le Quaternaire et les Périodes Glaciaires (-2Ma à Aujourd’hui)

Début du quaternaire, intensifications des périodes glacières, le Jura se retrouve recouvert par une calotte de glace descendant jusqu’à une altitude d’environ 700m. Les glaciers vont éroder le massif jurassien, sculpter, charrier des quantités colossales de matière. Les anticlinaux du haut Jura, souvent friables vont être rabotés. À l’époque, le bas Jura est couvert de toundra, c’est la période où mammouths et rhinocéros laineux pâturent paisiblement sur la plaine jurassienne. Il y a environ 35 000 ans, l’homme s’installe dans le Jura Souabe, plateau au sud de l’Allemagne. La présence humaine la plus ancienne découverte dans le Jura date de l’époque de Néandertal. Dans 6 grottes et cavernes, des fouilles ont permis de mettre en évidence la présence de nombreux objets abandonnés par les premiers occupants. Le Wurm, dernière période glacière ayant recouvert le Jura, prend fin il y a environ 10 000 ans, laissant derrière lui nombre de phénomènes karstiques visibles en surface. Dolines, lapiaz, pertes, sources, combes, alluvions, colmatages sont la preuve que notre paysage jurassien est dû autant à la dissolution qu’à l’érosion du calcaire. Depuis, le climat se réchauffe doucement, très doucement.

 

Et enfin…l’Homme dans le Jura

L’homme a colonisé le Jura depuis plusieurs millénaires, s’installant dans un premier temps de manière pérenne au bord des lacs en basse altitude, les fouilles archéologiques des Lacs de Chalain et Clairvaux témoignent de la présence de pêcheurs, agriculteurs il y a environ 4000 ans. Plus tard, l’homme remonte le long des rivières, principales voies de communication naturelles et source d’énergie pérenne. Il ouvre des voies de communication traversant les montagnes autour desquelles se développent des villes. La haute chaîne du Jura aurait été défrichée beaucoup plus tard, seulement autour du XVe siècle pour certains pâturages, retard dû au climat rude, à la pauvreté du sol et à l’absence d’eau en surface. Le massif jurassien continue à évoluer, les phénomènes naturels tels que l’érosion, la dissolution du karst et l’action humaine continuent aujourd’hui à sculpter nos montagnes.

 

 

Et vous, qu’attendez vous pour découvrir toutes ces richesses Jurassiennes ?